Contrairement aux idées reçues, tous les daltoniens ne voient pas en noir et blanc. C’est même extrêmement rare ! Pour avoir un aperçu du monde à travers les yeux d’un daltonien, voyons d’abord comment fonctionne une perception normale des couleurs…

Comment notre œil perçoit-il les couleurs ?

Notre œil distingue les couleurs grâce à des cellules présentes au centre de la rétine. Appelées « cônes », elles se divisent en trois catégories différentes, une pour chaque couleur fondamentale : le rouge, le vert et le bleu.

Toutes ces cellules captent et renvoient des signaux à notre cerveau via le nerf optique. Le cerveau décrypte ces messages pour nous faire prendre conscience des couleurs. Il doit aussi les adapter pour que, par exemple, nous puissions reconnaître et qualifier toutes les nuances de rouge (bordeaux, vermeil, rubis, rouge cardinal, corail, rouille…) comme du rouge. Au final, nous pouvons distinguer pas moins de 15 000 nuances ! 

Différents types de daltonisme, différentes perceptions des couleurs

La majorité d’entre nous est « trichromate » : les trois catégories de cônes présentes dans notre rétine fonctionnent correctement. Mais si vous êtes daltonien, certains de ces cônes ne fonctionnent pas (ou mal). Lorsque l’un des trois cônes fonctionne mal, la sensibilité à la couleur concernée est diminuée. En clair, vous allez voir certaines tonalités de rouge, mais pas toutes !

Lorsque l’un des cônes ne fonctionne pas du tout, vous ne formez les couleurs qu’à partir des deux autres. Le cône correspondant au vert est celui qui manque le plus souvent. Si vous êtes dans ce cas, vous ne pouvez distinguer le rouge du vert au quotidien. Si le cône correspondant au rouge manque, vous ne voyez pas le rouge. Et si le cône correspondant au bleu manque, vous l’avez deviné : vous ne distinguez pas le bleu.

Enfin, lorsqu’aucun cône ne fonctionne, la personne ne perçoit aucune couleur. Elle voit le monde en niveaux de gris, un peu comme dans un film en noir et blanc. Un cas de figure qui reste exceptionnel !

Voir avec les yeux d'un daltonien

Dans la vie de tous les jours, le daltonisme est une particularité qui vous joue des tours ! Toutes les personnes daltoniennes ont au minimum une histoire rigolote à raconter d’une confusion à laquelle elles ont été confrontées.

C’est par exemple un enfant daltonien qui va choisir les « mauvaises » couleurs pour ses dessins et colorier des feuilles d’arbre en violet. Autre classique, l’adulte daltonien, qui a du mal à assortir les différents éléments de sa tenue vestimentaire. Il pourra sortir de chez lui en plusieurs tons de vert, en étant persuadé de porter du vert, mais aussi du marron, du beige, etc. De même, pour lui, choisir un fruit mûr ou une viande cuite sans y goûter peut être… Un véritable challenge !

Une anomalie plus complexe qu’il n’y paraît

Pour ceux qui vivent avec, le daltonisme n’est pas une simple confusion entre deux ou plusieurs couleurs. La réalité est plus complexe ! Pour le comprendre, il faut imaginer que chaque personne daltonienne possède sa propre vision. Et que les reflets, la distance et la luminosité influencent aussi leur perception du monde qui les entoure.

Il faut aussi savoir que le daltonisme n’est pas toujours une gêne. Il offre parfois une sensibilité supérieure aux différentes tonalités. Ainsi, certains daltoniens peuvent mieux repérer une tenue camouflage en pleine forêt que les personnes dotées d’une vision normale. Montrez un nuancier à un daltonien, il pourra peut-être reconnaître la couleur exacte de la peinture au mur plus rapidement qu’une personne qui ne possède pas cette anomalie.

Autre différence intéressante, la façon dont une personne daltonienne va « lire » une œuvre d’art colorée. En admirant un tableau, ce sont les couleurs qui vont d’abord sauter aux yeux des personnes à vision normale. Et souvent, la personne va s’arrêter là. Un daltonien va quant à lui être obligé d’analyser les volumes, les ombres et lumières, ou les profondeurs de champ pour en saisir la beauté.